La Pieuvre du Midi

Deux conseils indigestes avant la trêve des confiseurs

Exclusivité web. Les « séances » biterroises ont lieu les 16 et 17 décembre.

 
Un jour (le 16 décembre) à Zinga Zanga pour celui d’agglo, le lendemain (le 17) à l’hôtel de ville biterrois pour le municipal, les conseils se sont succédé à Béziers en cette fin d’année. Il faut bien en profiter parce qu’en janvier de séances plénières il n’y aura pas, il faudra attendre février pour en jouir à nouveau. Enfin en jouir… c’était, surtout pour l’Agglo, un plaisir très fugace, de 105 minutes, pendant que pour le conseil municipal, ce fut un peu plus long : 125 minutes. Qu’en retenir sinon ? pas grand chose, surtout pour le conseil d’Agglo… la « séance » municipale a, elle, été un peu plus animée. Sans plus. Mais bon, on est habitué, cela se passe souvent comme çà… dans les conseils de « Sieur » Robert Ménard.

Une « initiative municipale » vient réveiller le conseil d’Agglo
 

Pour la séance d’Agglo, dans une salle de Zinga Zanga où il faisait bon – « ce n’est pas comme chez toi [à la salle Gérard-Saumade de Villeneuve-les-Béziers, Ndlr] où l’on se caille », a dit le président (ExtD) Robert Ménard à son vice-président, Fabrice Solans (Villeneuve) -, où l’assistance était clairement clairsemée, c’est « l’argentier », Robert Gély (maire de Lieuran-les-Béziers, premier vice-président délégué aux finances), qui, comme prévu, monopolisa le plus la parole. Il présenta le budget primitif (qui s’inscrivait, il est vrai dans la droite ligne de celui de 2024) et tous les autres points qui y étaient liés. À la fin, seuls les opposants valrassiens, Florence Taillade et Daniel Ballester (maire de Valras-Plage) se sont abstenus, les Sérignanais et Sauvianais, absents, n’avaient apparemment pas laissé de « pouvoirs » pour en faire de même. Sinon ? La séance a poursuivi son cours, comme l’Orb file sous les divers ponts biterrois, quand il ne sort pas de son lit pour faire des ravages. Le coût des déchets est ainsi passé comme une lettre à la poste (ou un mail dans la fibre), l’Îlot Port Notre-Dame, avec ce projet d’espace immersif avec projections audiovisuelles, (pour un coût énorme de 43M€ dont 17 rien que pour l’Agglo) itou.
Rien, pas une demande de précisions, ni de compléments d’informations, rien de rien n’est venu troubler la partition préparée par Robert Ménard et les siens.
Tout est tenu par une main de fer dans un gant… de fer… Et même, désormais, les coups de théâtre sont le fait de la majorité. Comme cette séquence un peu « hors sol » où l’on a vu, en pleine session, la conseillère communautaire (et premier adjointe au maire de Béziers, déléguée à la culture), Élisabeth Pissarro se lever pour regagner la coulisse, téléphone sur l’oreille. Deux minutes plus tard, elle revenait, l’air renfrogné et glissa un petit mot à Robert Ménard.
On allait comprendre rapidement ce qui se passait : dans son ambition d’acheter aux enchères une lettre de Charles De Gaulle adressée à Laure Moulin (sœur du résistant martyr Jean), la mairie avait échoué. On écrit bien la Ville, pas l’Agglo. Mais comme il est partout chez lui, le bon Robert Ménard (même si sa chienne « Jojo » ne gambade plus entre les travées des hémicycles), n’a pas hésité à interrompre le cours de la séance communautaire pour rendre publique l’initiative municipale. Comme elle avait échoué, autant la rendre publique, avec l’émotion qui va avec pour dire qu’encore une fois, le train était passé sous le nez des Biterrois. Et que ce n’était pas sa faute, hein ? Que le maire et sa « gestion de bon père de famille », comme il l’a tenu à le souligner (pour la première fois), ne voulait pas « faire sauter la banque » pour récupérer ce document… Il ne voulait pas aller au-delà de « 5 – 6 000€ » pour une relique mise à prix à 4 000€. Il ne fallait pas être grand clerc de notaire pour bien comprendre que, pour un tel document cédé par les héritier de l’Amiral Philippe De Gaulle dans le cadre d’une vente aux enchères exceptionnelle chez Artcurial, 5 – 6 000€ ne suffiraient pas et qu’on était là plus dans une « participation de témoignage ».
Quand on sait que la fameuse lettre est partie à 20 000€, on ne peut que sourire de voir Élisabeth Pissarro jouer la comédie en confiant à la presse sa déception de ne pas avoir vu la municipalité réussir à la ravir… et rire d’entendre la remarque (enfantine ? puérile ?) de Robert Ménard : « Je ne pensais pas que, sur une lettre de correspondance, le Général De Gaulle raturait… ». On peut d’ailleurs supposer qu’il ne s’agit que du brouillon original de la lettre adressée à Laure Moulin…
Les Biterrois et les touristes ne verront donc jamais exposée à Béziers cette correspondance du 8 avril 1947 qui disait : « Votre lettre m’a vivement touché. Jean Moulin, votre héroïque frère, était par excellence, mon bon compagnon et mon ami. C’est parce que nous avions l’un et l’autre et en toute connaissance de cause une confiance entière que je l’avais choisi et désigné pour agir et parler, en mon nom et au nom du Gouvernement dont il était membre, sur notre territoire non encore libéré. C’est pour la même raison qu’il avait, de toute sa foi, accepté de le faire. Nos entretiens et nos travaux communs à Londres, comme les rapports qu’il m’adressait de France et les instructions que je lui envoyais, jusqu’au jour même où l’ennemi l’a saisi pour le torturer et l’abattre, ont été l’expression éclatante de cet accord et de cette confiance. C’est dire quel mépris méritent les contorsions calomnieuses de ceux qui, aujourd’hui, voudraient exploiter à leur profit de partisans ou d’arrivistes, contre nos compagnons et moi-même, la pure gloire de Jean Moulin. »

 

L’illégalité du « sauvetage » de l’ASBH au menu du conseil

 
Le lendemain, rebelote. Un nouveau conseil, municipal cette fois, avait lieu dans les locaux de l’Hôtel de Ville où il faisait très chaud, avec une assistance un peu éparse. Et c’était un peu plus vivant et plus long (120 minutes) qu’à l’Agglo. Il faut dire que l’opposition était présente, avec notamment Thierry Antoine (EELV), Nicolas Cossange (PCF) – qui, à la différence du conseil d’Agglo où il n’est pas toujours assidu, ne loupe quasiment jamais une séance municipale – et Anne-Marie Raysséguié. Les présences de Christophe Huc – dont les interventions sont plus rares – et de Véronique Vidal-Laur – dont on mettrait presque au défi tout le conseil d’avoir un jour entendu le son de sa voix – sont à mentionner à défaut de souligner…
Dans cette séance où tout se déroulait finalement sur un rythme plan-plan, on a eu une subvention pour Mayotte (20 000€), une annonce de fréquentation au doigt mouillé (comme pour la Feria) de 300 000 chalands aux Halles, la création d’un pôle très privé de santé au Kursaal, seules les objections sur le budget de la part de Nicolas Cossange et de Thierry Antoine suscitèrent un peu d’intérêt, notamment quand ce dernier, face à la bonne santé revendiquée par la mairie, mit en exergue la sécurité déficiente (citant, une nouvelle fois, les chiffres du Journal du Dimanche) et le classement élevé de la ville comme l’une des plus pauvres de France. L’ASBH fit alors son apparition pour le remboursement de l’avance de 400 000€ octroyée par la mairie à la SCIC. Et là, on eut droit une « petite » anicroche sur le fait que, pendant la conférence de presse au stade Raoul-Barrière, le 7 novembre dernier, le maire avait dit que l’opposition n’avait fait que s’opposer quand la mairie elle, tentait de sauver le club. C’était un résumé ô combien réducteur et caricatural de la situation qu’Anne-Marie Raysseguié essaya de rectifier. En substance, elle a asséné : « On ne s’est pas opposé systématiquement comme vous l’avez indiqué. Nous nous sommes souvent abstenus sur des initiatives qui ne nous semblaient pas viables et adéquates ». Avec un certain culot, Robert Ménard affirma que « ce n’était pas exactement ce qu’ [il avait] dit » affirmant qu’il avait souligné le nombre de fois où l’opposition « s’était opposée »… Mouais. C’est un peu gros… mais « plus c’est gros, plus ça passe », comme disait feu le Président  Jacques Chirac.
Nicolas Cossange, pour sa part, se demanda ce que la SCIC allait devenir, vu qu’elle n’avait pour « but que de sauver l’ASBH »… « on verra plus tard », s’est contenté de répondre le maire. Anne-Marie Raysséguié en profita pour saisir la balle au bond pour appuyer l’illégalité de pareille « entreprise » avec la mairie actionnaire principal. « Faites attention aux mots que vous employez, prévint le premier magistrat. Il n’y a rien d’illégal dans ce que nous avons fait. » La conseillère municipale d’opposition a lu alors un extrait du rapport de la chambre régionale des comptes : « La ville n’avait pas vocation à intervenir dans une société commerciale ». « Cela n’a rien à voir, répond le maire. Jamais il y a le mot « illégal » dans le rapport » Ben si. Anne-Marie Raysséguié poursuit : « La chambre relève que l’utilisation de la forme juridique d’une SCIC dont la Ville détient 50% n’est pas conforme aux dispositions légales qui encadrent les participations des collectivités dans des sociétés commerciales (Art. L 2253-1 du CGCT) ». « Voulez-vous que je vous fasse une explication de texte ? Je m’en suis expliqué avec les enquêteurs. Je l’ai affirmé, je l’ai dit et redit 25 fois qu’on avait utilisé cette voie pour sauver le club », a martelé Robert Ménard… qui a donc employé, il faut être clair, un voie illégale pour réussir dans son entreprise. Et le résultat n’absout en rien les méthodes. Il peut le rabâcher cent fois que cela ne changera rien. On est dans une société où il y a des règles et tout n’est pas permis pour arriver au but. Donc, on l’écrit, et on pèse les mots : Oui, selon la chambre régionale des comptes, le recours au subterfuge de la SCIC par la mairie est illégal. Cela aurait sauvé le club, selon le maire. Était-ce la seule voie possible pour sauver l’ASBH ou plutôt pour que Robert Ménard s’en prétende le propriétaire ? Sinon, on ne sait toujours pas quelle était la situation du club au moment où la SCIC Béziers Sports en a pris le contrôle, vu que l’audit finalement lâché par la mairie n’était qu’une version tronquée, avec de nombreuses ratures. Il est possible donc de penser que d’autres voies étaient « empruntables » plutôt que celle de l’illégalité.
Il n’empêche que l’explication, aussi foireuse soit-elle, du maire de Béziers a convaincu Anne-Marie Raysséguié qui s’est même excusée d’avoir remis en doute la parole municipale… Dans la foulée, Christophe Huc sortit de sa réserve pour féliciter le maire de la vente du club…. sans toutefois connaître à ce jour les détails de l’opération.
Enfin bref, avec des « adversaires » pareils, pas besoin d’amis, n’est-ce pas ? Le maire peut cumuler les actes illégaux à loisirs – comme refuser de marier une personne sous OQTF (Obligation de quitter le territoire français) malgré l’accord du procureur ; faire son cinéma avec la crèche dans la mairie alors que c’est interdit ; organiser une cérémonie religieuse en ouverture de la Feria – sans qu’il soit inquiété par la justice… alors vraiment, pourquoi se gênerait-il ? La justice « dure », elle est réservée aux petits délinquants des quartiers, des « connards » comme il les appelle et contre lesquels il prône la tolérance zéro. Lui… pour sa part… il est au-dessus des lois.
Pour conclure, on notera que ni au conseil d’Agglo, ni à la séance municipale, on a entendu le son de la voix de l’ancienne députée, Emmanuelle Duverger-Ménard qui semble toujours promener son spleen lors de ces réunions. Elle semble vraiment mal vivre sa défaite aux législatives de juillet dernier… Quant à « Jojo », cela fait un moment qu’il ne gambade plus à la fin des conseils. En cette période de Noël, on pourrait franchement dire que tout cela sent le sapin.                       PEA
 
 
Légende photo: La mairie de Béziers a tout fait pour ne pas récupérer la magnifique correspondance entre le Général De Gaulle et Laure Moulin et n’a pas hésité à interrompre le cours du conseil communautaire pour le clamer.

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